### Le Vide Cosmique Léonard se tenait sur la terrasse de son appartement, une tasse de café à la main, observant le vide-grenier qui s'étalait en contrebas. Les objets éparpillés sur les tables semblaient témoigner d'une époque révolue, des vestiges d'un passé que personne ne voulait vraiment oublier, mais que tout le monde cherchait à vendre. Il aimait ces moments de contemplation, ces instants où le monde semblait s'arrêter, où le temps se suspendait comme une particule en apesanteur. Léonard était un homme d'une quarantaine d'années, avec des cheveux poivre et sel et des lunettes rondes qui lui donnaient un air de professeur distrait. Il travaillait comme astrophysicien à l'Observatoire de Paris, mais sa véritable passion résidait dans les mystères de la conscience et de l'univers. Il passait ses journées à jongler entre les équations de la relativité générale et les théories quantiques, cherchant à comprendre la nature même de la réalité. Ce matin-là, il avait lu un article fascinant sur la possibilité que la conscience ait précédé la vie. Cette idée le hantait depuis des années, mais la voir formulée par des esprits aussi brillants que Stuart Hameroff et Anirban Bandyopadhyay lui donnait une nouvelle perspective. Et si la conscience n'était pas le produit de la vie, mais son précurseur ? Cette pensée le troublait et le fascinait à la fois. En descendant les escaliers pour rejoindre le vide-grenier, Léonard croisa Émile, son voisin de palier, un jeune garçon de dix ans avec des yeux pétillants de curiosité. Émile adorait passer du temps avec Léonard, surtout lorsqu'ils construisaient des maquettes de bases spatiales avec des bouteilles en plastique et des boîtes de conserve. « Salut, Émile ! Tu veux m'aider à trouver des trésors aujourd'hui ? » demanda Léonard en souriant. « Bien sûr, monsieur Léonard ! » répondit Émile avec enthousiasme. Ils passèrent la matinée à fouiller parmi les objets, trouvant des livres anciens, des jouets cassés et des gadgets électroniques obsolètes. Léonard acheta un vieux télescope pour une bouchée de pain, espérant l'utiliser pour montrer à Émile les merveilles du ciel nocturne. De retour à l'appartement, Léonard alluma son ordinateur et se connecta à un réseau de chercheurs en astrophysique. Il y avait une discussion animée sur la découverte récente d'un vide cosmique de deux milliards d'années-lumière de large, une anomalie qui défiait les lois de la cosmologie. Ce vide, nommé le KBC, semblait remettre en question le principe cosmologique selon lequel la matière est uniformément distribuée dans l'univers. Léonard se plongea dans les données, fasciné par les implications de cette découverte. Si le KBC existait vraiment, cela signifiait que l'univers était bien plus complexe et mystérieux qu'il ne l'avait jamais imaginé. Il se demanda si ce vide cosmique pouvait être lié à la théorie de la conscience primordiale. Peut-être que la conscience elle-même était une sorte de vide, un espace où les idées et les pensées pouvaient émerger et évoluer. Le soir venu, Léonard et Émile montèrent sur le toit de l'immeuble avec le télescope. Ils pointèrent l'instrument vers le ciel, cherchant des étoiles et des galaxies lointaines. Léonard expliqua à Émile les bases de l'astronomie, lui montrant les constellations et les planètes visibles. « Tu vois cette étoile là-bas ? » dit Léonard en désignant un point lumineux. « C'est KIC 8462852, une étoile autour de laquelle pourrait orbiter une mégastructure artificielle. Certains pensent que c'est une preuve de vie extraterrestre avancée. » Émile ouvrit de grands yeux. « Vous pensez qu'il y a des extraterrestres, monsieur Léonard ? » Léonard sourit. « Je ne sais pas, Émile. Mais l'univers est si vaste et si mystérieux que tout est possible. » Ils restèrent là, sur le toit, à contempler les étoiles, perdus dans leurs pensées. Léonard se demanda si quelque part, dans ce vide cosmique, une autre forme de conscience observait les mêmes étoiles, se posant les mêmes questions. Le lendemain, Léonard se rendit à l'observatoire pour une réunion avec ses collègues. Ils discutèrent des implications du KBC et des nouvelles théories sur la conscience. Léonard proposa une idée audacieuse : et si le vide cosmique était une manifestation de la conscience elle-même, un espace où l'univers pouvait réfléchir sur sa propre existence ? Ses collègues le regardèrent avec scepticisme, mais Léonard sentit qu'il était sur quelque chose. Il passa les semaines suivantes à développer cette théorie, combinant les données sur le KBC avec les idées de la conscience primordiale. Il écrivit des articles, participa à des conférences, et peu à peu, son idée commença à gagner du terrain. Un soir, alors qu'il rentrait chez lui, Léonard trouva Émile assis sur les marches de l'immeuble, tenant une boîte de riz et une bouteille de Gatorade. « Qu'est-ce que tu fais là, Émile ? » demanda Léonard. « Je voulais vous montrer quelque chose, monsieur Léonard. Regardez, j'ai construit une nouvelle base spatiale ! » dit Émile en montrant fièrement sa création. Léonard sourit et s'assit à côté de lui. « C'est magnifique, Émile. Tu sais, parfois, les plus grandes découvertes commencent par des petites idées. » Ils restèrent là, à contempler la maquette, tandis que le soleil se couchait à l'horizon. Léonard se sentit empli d'une étrange sérénité, comme si tout était à sa place dans l'univers. Peut-être que la conscience et le vide cosmique étaient liés d'une manière qu'il ne comprenait pas encore, mais il savait qu'il continuerait à chercher, à explorer, à rêver. Et dans ce vide, il trouva une infinité de possibilités.